Les carnets de route


Carnet n°10 : Moshi...Livingstone

Tanzanie – Zambie, du 02 au 19 février 2004.

Livingstone, Zambie, le 19 février 2004.

Bonjour tout le monde,

J’ai donc quitté les bords du Kilimandjaro sans apercevoir son sommet enneigé… Pour me consoler, je suis parti sur la côte dans l’espoir de profiter des plages de sable blanc et des cocotiers. J’ai donc quitter Moshi pour Tanga. La route longe l’immense steppe Masaï avant de descendre vers la mer. La région du Kilimandjaro est en plein pays Masaï et l’on croise souvent en ville ou sur le bord des routes des gens en tenue traditionnelle, parés de leurs plus beaux bijoux.

Tanga est une ville tranquille avec un joli marché et une jolie vue sur la mer… mais sans les grandes plages de sables blanc.

J’ai donc continué ma route jusqu’au village de Pangani, à 50 km au sud. Pour cela, il a fallu que je prenne le bus… j’ai bien cru que le bus ne tiendrait pas le choc. La piste qui mène au village n’était pas en très bon état et à chaque secousse, les vitres, les sièges, la tôle faisaient de drôles de bruits. Et de nombreux petits bouts de rouille tombaient du plafond… Mais, le bus a atteint son but après 2 heures de route… et je pense qu’il fera encore de nombreux aller-retour Tanga-Pangani! Enfin, j’avais ma plage de sable blanc! Et j’ai pu planter ma tente à 50 m de la mer… J’ai ainsi passé deux jours bien reposant. J’y ai également rencontré Valérie et Taylor, deux bénévoles venus enseigner l’anglais aux villageois. Lorsque je demande pourquoi il n’est pas possible de trouver un Tanzanien pour enseigner, on me répond que personne ne veut venir travailler dans un village isolé comme Pangani. L’état a beau affecter ses enseignants sur des postes, comme en France, mais il suffit d’aligner quelques billets pour se faire muter! La corruption est ici omniprésente et l’aide gratuite venue d’Europe ou des USA, une solution peut-être trop facile...

J’ai ensuite quitté Pangani par la mer, direction l’île de Zanzibar. Le voyage s’est fait en bateau traditionnel… On devait prendre la mer vers 7h mais le départ a été décalé à 9h car on a attendu deux allemands qui arrivaient par le bus. A 9h30, le bus est arrivé, tout le monde était prêt… mais pas le capitaine, qui a choisi ce moment là pour aller faire le plein d’essence pour le moteur du bateau. 1h30 d’attente… Bref, à 11h le bateau a quitté Pangani. Une demi-heure plus tard, le vent étant favorable, le capitaine et son équipage ont levé les voiles et le voyage a tout de suite pris une allure bien plus agréable… il n’y avait plus que la mer turquoise, le soleil, le bruit du vent et des vagues! Normalement, il est interdit aux locaux d’embarquer des étrangers pour Zanzibar… mais le capitaine a tout de même tente le coup… Au bout d’1h30 de voyage, on a été rejoint par une vedette des gardes-côtes qui ont embarqué le capitaine pour un petit tour en mer… quelques minutes plus tard et quelques dollars en moins, le capitaine est revenu et nous avons pu continuer notre route sans problèmes… Corruption corruption…

Apres 5 heures de mer, on a donc atteint la côte de Zanzibar… un petit paradis! Des cocotiers, du sable encore plus blanc et une mer encore plus turquoise, au dessous des récifs de coraux… on se serait cru devant Thalassa! Je suis donc resté trois jours sur l’île afin de bien profiter des plages, des poissons et des coraux. L’intérieur de l’île est aussi fort intéressante. Et c’est en vélo (je n’ai pas eu besoin de remettre mes petites roues, c’est revenu tout seul…) que j’ai visité les plantations d’épices, de bananes et les villages. Et comme toute ballade en vélo qui se respecte, j’ai eu le droit à ma crevaison. Heureusement, le vélo étant le premier moyen de transport, on trouve des réparateurs partout! La ville de Zanzibar vaut également le détour. Je me suis donc balladé avec beaucoup de plaisir au milieu des nombreuses petites ruelles très animées et des bâtiments de style colonial. La population arabe étant très présente, on se croirait volontiers dans une médina du maghreb. Zanzibar est un des sites les plus touristiques que j’ai vu depuis le Maroc mais ça se comprend…

Le retour sur le continent s’est fait à bord d’un ferry qui avait plus une allure de cargo. Le voyage s’est fait de nuit après avoir réussi à dormir un petit peu, coincé sur une banquette entre mon sac, une table et mon voisin de croisière… mais le principal est d’arriver à bon port.

Je suis ensuite resté trois jours à Dar es Salaam à me balader entre les buildings, le bord de mer et la plage en attendant mon train pour la Zambie.

Le train est donc parti vendredi 13 à 15h50… à l’heure (ouah!). J’avais acheter un billet troisième classe… pour l’expérience. Et j’ai été agréablement surpris car le wagon était plutôt confortable. Les sièges étaient même disposés en carré avec une table au milieu, pratique pour poser sa tête le soir pour dormir. Le voyage coté Tanzanien a été très agréable et a même été l’occasion de revoir des antilopes, des zèbres et des girafes lors du passage dans la réserve de Selous. Le wagon était plein, c’est-à-dire que tout les sièges étaient occupés… La plupart des gens sont descendus à Mbeya peu avant le passage de la frontière. Je me suis donc retrouvé presque tout seul pendant les 50 derniers kilomètres avant la Zambie

Mais une fois la frontière atteinte, je me suis fait tout petit sur mon siège et j’ai observé… Beaucoup de produits étant moins chers en Tanzanie, les gens achètent des quantités énormes de marchandises. Marchandises qui devraient donc voyager dans le wagon marchandise (normal)… mais cela coûtent trop cher. Donc une fois le train arrêté dans la gare, les gens se précipitent dans les wagons passagers, se bousculent, se crient dessus, s’éjectent des sièges afin d’avoir assez de place pour leur stock. Les bidons d’huile de 10L, les sacs de 50 kg de riz, de patates, de farine, passent par les fenêtres, sont coinces sous les sièges, dans le couloir… Et sur le quai, les contrôleurs tentent de ‘contrôler’… mais devant le nombre de personne et les nombreux va-et-vient des marchandises, ils ne réussissent qu’à distribuer quelques coups de pieds et quelques coups de branches. Au bout de 30 minutes, tout est beaucoup plus calme et le wagon passager ressemble à un wagon marchandise avec la plupart des gens debout. Quand il m’a fallu rejoindre les douaniers, installés en 1ere classe, pour faire tamponner mon passeport, j’ai mis 15 minutes pour traverser les 3 wagons de 3eme classe… il a fallu enjamber une mère qui allaitait son enfant, une personne qui dormait, étalée dans le couloir sur les sacs de farine… Et 7h plus tard, le manège a recommencé mais dans l’autre sens pour débarquer toutes les marchandises dans la première grosse ville traversée… cela m’a donné un peu d’air et j’ai pu dormir.

Pendant le voyage j’ai fait la connaissance de Philip qui m’a ensuite invité à rester chez des amis à Kapiri Mposhi, la ville terminus du train. Je suis donc descendu du train le dimanche 15 février a 10h30… Philip a grandi dans cette ville et nous avons donc fait le tour du quartier pour dire bonjour à ses anciens amis. Encore un accueil fort sympathique et spontané…

J’ai ensuite continué la route vers Lusaka, la capitale, tout en longeant les nombreux champs de mais du pays. On peut le manger grillé ou sous forme d’ugali (farine de mais mélangée avec de l’eau). Je "déguste" de l’ugali depuis le Kenya et c’est pas mauvais… disons que tout est dans le sauce qui l’accompagne! Sinon, en Zambie, si vous ne voulez pas d’ugali, vous avez le choix entre les nombreux Take away qui vous offrent des frites-poulet ou des hamburgers… Il devient difficile de trouver des bons petits plats typiques.

Je suis maintenant à Livingstone au sud du pays, à 11 km des chutes Victoria. Aujourd’hui, je suis donc allé admirer ce très beau site qui vaut vraiment le détour : 1.7 km de long et 108 m de haut ! Au sommet, on peut avoir un aperçu de la grandeur et de la puissance des chutes. Et en descendant au pied, on traverse une forêt tropicale qui se développe grâce à l’humidité ambiante… J’ai donc joué à Indiana Jones cet après-midi!

Demain, je pars pour le Botswana qui, parait-il, vaut aussi le détour… décidément!

A bientôt pour la suite et sûrement la fin du voyage…

Benoît.