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Les
carnets de route
Carnet
n°4 : Agadir... St Louis
St Louis, Sénégal, le mardi 18 novembre 2003. Bonjour tout le monde, Ayant laissé le vélo de côté, j'ai depuis eu tout le loisir de tester les transports en commun africains... et je ne le regrette pas. Le stop a bien marché au Maroc, même si j'ai parfois dû attendre 3 heures en raison d'un trafic routier très faible. Et puis, en période de Ramadan, les rues et toutes les activités s'arrêtent vers 18h, au couché du soleil, car les gens rentrent chez eux pour rompre le jeûne de la journée. J'ai donc aussi souvent été invité à manger des dattes et de la soupe vers ces heures là. Après Agadir, je suis donc allé faire un tour dans la chaîne de l'Anti-Atlas, au niveau de Tafraoute. J'ai pu y admirer les montagnes dont les couleurs varient du rouge, à l'orange, au rose et les fonds de vallée avec les oasis et les palmiers. Après deux jours de ce superbe spectacle, j'ai donc continué vers la Sahara Occidental, toujours en stop, même si mes longues attentes avaient tendance à inquiéter les marocains... Ainsi, à Guelmim, deux marocaines sont venues m'expliquer que je ferais mieux de prendre le bus ou un taxi car le stop ne marche pas pour les touristes. Et c'est vrai que les voitures et notamment les camions s'arrêtent beaucoup plus facilement pour les marocains que pour les étrangers... Mais, je leur ai expliqué que j'avais le temps et que le stop était plus économique pour moi. Elles sont donc restées une heure à me soutenir et m'ont même offert des sous pour payer mon billet de bus! Heureusement, un voiture m'a finalement embarqué au grand soulagement de tout le monde... Beaucoup de personnes rencontrées sur le bord des routes avaient du mal à comprendre l'intérêt d'attendre sur le bord des routes juste pour voyager et aller visiter les pays. Vouloir et pouvoir voir du pays est un luxe que tout le monde n'a pas en tête. Le reste du trajet jusqu'à Nouadhibou n' a pas posé de problèmes car j'ai été pris en stop par Christophe et André, deux suisses en Land Rover qui descendaient jusqu'en Mauritanie. J'ai donc passé 3 jours en leur compagnie à profiter du paysage : sur ma gauche, je pouvais admirer le Sahara à perte de vue (par temps clair, on apercevait les pyramides du Caire) et à ma droite, une vue imprenable sur les vagues de l'Océan Atlantique (et la statue de la Liberté, par temps clair...). Le passage de la frontière s'est fait sans trop de problèmes mais une fois en Mauritanie, la route disparaît et se transforme en piste... Rapidement plusieurs pistes se sont présentées à nous et on a fait plusieurs fois demi-tour avant de trouver Nouadihbou... on est donc arrivé de nuit dans la ville. En ayant avant fait une pause pour désensabler un mauritanien en 504 à 10 km de la ville... Bref, l'arrivée fut mémorable et les paysages superbes. On aura tout de même mis 4 heures pour faire les 40 derniers km. A peine arrivé en ville, on sent déjà un changement d'ambiance et de culture par rapport au Maroc. Les rues sont plus colorées, plus sales aussi, il faut slalomer entre les ordures, les chèvres, les moutons et les ânes. La Mauritanie est constituée de 3 ethnies : les Maures blancs (de type arabe), les Maures noirs et les noirs africains... On se rapproche de l'Afrique noire. Et il faut savoir que l'esclavage n'a été aboli en Mauritanie qu'en 1980! Dans les familles, les restaurants, les hôtels ou dans la rue, les travaux les plus pénibles sont encore principalement réalisés par la population noire... Après Nouadhibou, j'ai donc laissé Christophe et André qui descendaient directement vers Nouakchott pour aller de mon côté vers l'est et les oasis d'Atâr et de Chinguetti. Mais avant cela, j'ai du faire 6 banques pour changer de l'argent car il n'y a pas de distributeurs et la plupart des banques ne voulaient pas changer mes travellers ou le monsieur qui s'occupe du change était malade... si, si et personne ne pouvait le remplacer. Là, j'ai vraiment eu l'impression d'arriver en Afrique. Le Maroc est une bonne transition je pense. Une fois les sous en poche, j'ai donc pris mon billet de train pour Choum. Ce train représente la seule ligne de chemin de fer du pays et relie les mines de fer de Zouérat au port de Nouadhibou. Le train, qui fait 2 km de long, transporte exclusivement du minerai de fer mais a tout de même un wagon voyageur à l'arrière... Ce wagon est composé de deux banquettes latérales sur toute la longueur. Heureusement, le wagon n'était pas plein et on avait de la place. J'ai donc passé 10 heures dans le train (départ 16h, arrivée 2h du mat). A la nuit tombé, tout le monde s'installe par terre et dort... j'ai donc suivi le mouvement. Lors du voyage, j'ai fait la connaissance de Fadel avec qui j'ai fais ensuite le trajet en Toyota 4x4 jusqu'à Atar. On est parti de Choum à 2h du mat et après une pause de 2 heures dans le désert (pour reposer le chauffeur et où j'ai pu profiter de la nuit claire et calme du désert), je suis arrivé à Atar à 8h du matin. Là encore, ce n'était que de la piste... Fadel m'a gentiment invité chez sa famille où j'ai pu me laver (car le voyage fut TRES poussiéreux) et où on m' a offert un petit déjeuner. J'ai aussi pu me reposer car je n'ai dormi que 3 h et encore par intermittence avec le bruit du train et de la poussière plein la bouche (les fenêtres ne fermaient pas)... Fadel m'a ensuite fait visiter la ville (une seule rue goudronnée, le reste en sable avec des maisons de terre... dépaysement garanti!) et m'a aidé à trouver une auberge. L'aubergiste très sympa est aussi professeur de Sciences Naturelles au collège et m'a invité à passer dans sa classe le lendemain. J'ai donc eu la chance de faire le tour de l'école et du collège accompagné par le directeur qui m'a expliqué le fonctionnement des classes et surtout montré les manques en matériel (dictionnaires, livres, jeux...) dont souffre son établissement. Le même jour j'ai rencontré Hugo, belge de son état, avec qui je vais passer deux jours dans le superbe oasis de Chinguetti à 80 km de piste d'Atâr. Le voyage en taxi-brousse fut également une bonne expérience. On a voyagé pendant 2 heures à l'arrière du pick-up, au sommet des bagages et des sacs de provisions... il y avait même une chèvre emballé dans un sac à patate et accrochée sur le côté de la voiture. Mais une fois sur place, cela vaut la peine. Chinguetti est aux portes du désert de sable avec des dunes à perte de vue... le "vrai" désert comme on se l'imagine. Au retour, nous étions un peu mieux installé et avons donc profité des paysages superbes qui s'offraient à nous, tranquilles sur cette piste en tôle ondulée, au milieu du désert de sable et de cailloux, lorsque tout à coup... un téléphone portable a sonné! C'était le chauffeur qui recevait un SMS sur son portable à écran couleur... Y'a pas moyen d'être tranquille! Dans toutes les villes, les boutiques de téléphones portables et les vendeurs de cartes rechargeables font des affaires! Après cette escapade dans le désert, j'ai fait une pause sur la capitale mauritanienne, Nouakchott, avant de rejoindre St Louis, au Sénégal, où je me repose depuis 3 jours chez Mr et Mme Coulibaly. J'en avais bien besoin... Je vous salue bien bas. A la prochaine Benoit.
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© B. Bithorel |